On the institutional and intellectual division of labor in epigenetics research: A scientometric analysis
Larregue, J., Larivière, V. et Mongeon, P. (2020). On the institutional and intellectual division of labor in epigenetics research: A scientometric analysis. Social Science Information.
Si de nombreuses analyses socio-scientifiques qualitatives en épigénétique (environnementale) ont été publiées, il nous manque encore une évaluation quantitative du champ que constitue l’épigénétique dans son ensemble. Cet article a pour but de combler cette lacune. En mobilisant une version augmentée de Web of Science, nous avons constitué un corpus de 199,484 documents (articles, comptes rendus, matériel éditorial, etc.) publiés entre 1991 et 2017 et avons réalisé plusieurs analyses scientométriques pour cartographier le développement et la structure du champ épigénétique. Trois principaux résultats sont ressortis de ces recherches. Tout d’abord, contredisant l’espoir de certains chercheurs en sciences sociales que leurs disciplines puissent trouver un appui dans la biologie sociale de l’épigénétique, il est surprenant que les scientifiques, les revues et les institutions qui concentrent la majorité de la recherche dans ce champ soient en grande partie peu concernés par les dimensions sociale et environnementale de l’expression génétique. Deuxièmement, confirmant des analyses qualitatives existantes, nous avons constaté que l’épigénétique était constituée de divers réseaux de chercheurs, institutions et spécialités de recherche, qui profitent d’une relative autonomie les uns par rapport aux autres et qui approchent l’épigénétique à partir d’intérêts thématiques différents, des fonctions cognitives au cancer, en passant par le méthylation de l’ADN chez les plantes et la biologie moléculaire. Troisièmement, les résultats obtenus à l’aide du couplage bibliographique ont montré que ces différents réseaux étaient devenus de plus en plus autonomes au cours des dix dernières années, ce qui laisse penser que nous sommes actuellement en train d’assister à la constitution d’un archipel scientifique, semblable à celui de la génétique comportementale (Panofsky, 2014 : 33), plutôt qu’à celle d’une discipline en soi. Néanmoins, ce processus de différentiation était moins prononcé s’agissant des concepts employés, car nous avons également constaté une nette standardisation des mots-clés utilisés dans les articles sur l’épigénétique entre 1991 et 2017, où la méthylation de l’ADN et les ARN servaient de signes de ralliement pour les différentes communautés de chercheurs.
Ce contenu a été mis à jour le 21 janvier 2020 à 9 h 50 min.